Les chats sont aujourd’hui des animaux de compagnie populaires, mais leur parcours historique est parsemé de mystère et de rebondissements. Dès les premières civilisations, le chat a fasciné les humains, occupant tour à tour les rôles de protecteur, divinité et mal-aimé. Voici une rétrospective de l’histoire du chat, de ses origines jusqu’au Moyen Âge, et la manière dont il a été perçu en Europe, en Égypte et même au Japon.
Les premiers félidés
Les ancêtres du chat domestique remontent à environ quarante millions d'années. À cette époque, les premiers félidés peuplaient tous les continents. Ces félins primitifs, avec leurs muscles puissants et leurs griffes rétractiles, sont les ancêtres des chats actuels. C’est au Pléistocène, il y a environ 1,8 million d'années, que le Felis sylvestris, l’ancêtre direct du chat sauvage d’Europe, a évolué. Ces premières lignées félines se sont adaptées à divers environnements, préparant le terrain pour le chat domestique que nous connaissons aujourd'hui.
Les débuts de la domestication
La domestication du chat ne s'est pas faite de manière conventionnelle. Contrairement aux autres animaux domestiques, le chat n’a jamais été totalement dépendant de l’homme. Plutôt qu’une véritable domestication, il s’agit d’une cohabitation. Le chat s’est rapproché des humains pour profiter des avantages que lui offraient les villages : une abondance de rongeurs et un refuge. Cette relation, établie il y a environ 9 000 ans, a permis au chat de se répandre dans diverses régions, y compris en Égypte, où il devint bien plus qu’un simple chasseur de rongeurs.
Le chat dans l'Égypte ancienne
L’Égypte antique est souvent perçue comme le berceau de l’admiration humaine pour le chat. Le chat égyptien, probablement issu du Felis silvestris lybica, occupait une place spéciale dans la société égyptienne. Il fut vénéré comme un protecteur des foyers et des récoltes, et représenté par la déesse Bastet, associée à la maternité, à la fertilité et à la protection. Le chat égyptien était protégé par des lois strictes, et sa mort était un acte solennel. Ce culte s’est prolongé pendant des siècles, influençant fortement la perception de cet animal dans la région.
Le chat en Asie : Chine, Inde et Japon
Avec les routes commerciales comme la route de la soie, le chat a fait son entrée en Asie. En Chine, il était considéré comme un protecteur des cocons de soie contre les rongeurs, et était souvent associé à la divinité Li-Shou pour protéger les foyers. En Inde, le chat a aussi joué un rôle spirituel, particulièrement dans les monastères bouddhistes où il protégeait les manuscrits sacrés des rats.
Au Japon, le chat a été adopté pour ses talents de chasseur, mais aussi pour ses qualités esthétiques et spirituelles. Il est devenu l'animal de compagnie des moines et des empereurs. Les Japonais ont créé de nombreuses légendes autour de cet animal mystérieux, lui prêtant des pouvoirs protecteurs et porte-bonheur. Le chat était notamment perçu comme un gardien des enseignements bouddhistes lors de son introduction au Japon.
Le Moyen Âge en Europe : une période contrastée
Arrivé en Europe dans les bagages des troupes romaines, le chat a rapidement trouvé sa place dans les fermes et les monastères, où il protégeait les récoltes et les réserves de nourriture. Cependant, au Moyen Âge, sa popularité a connu des hauts et des bas. En période de famine, le chat était parfois consommé comme une source de nourriture pour les plus pauvres. Il était également prisé pour sa fourrure, mais aussi respecté pour sa capacité à garder les maisons propres de tout rongeur.
Mais cette relation bascule avec l’arrivée de l’Inquisition. Le chat, avec son regard perçant et son comportement indépendant, devient l’incarnation du mystère, voire du mal aux yeux de l’Église. Il est associé aux sorcières et aux pratiques païennes, ce qui lui vaut une persécution sévère. Le Moyen Âge marque ainsi une période de déclin pour le chat en Europe, considéré à tort comme un allié des forces obscures.
Résilience et retour en grâce
Malgré cette période difficile, le chat a su traverser les épreuves et retrouver sa place au sein des foyers européens après la fin de l’Inquisition. Sa popularité ne cessera de croître à partir de la Renaissance, le menant jusqu’à la place privilégiée qu’il occupe aujourd’hui dans nos foyers.
En traversant les civilisations et les époques, le chat est passé du statut de divinité en Égypte, à protecteur en Asie, puis à un animal souvent maltraité au Moyen Âge en Europe. Aujourd’hui, l’histoire du chat nous rappelle son extraordinaire résilience et sa capacité d’adaptation, qui ont fait de lui un compagnon apprécié dans le monde entier.